mercredi 13 octobre 2010

[Gisti-info] « Les étrangers doivent payer » - Édito du Plein Droit n° 86

Les étrangers doivent payer

ÉDITO


L’été a vraiment été pourri pour les étrangers. La rentrée ne s’annonce guère meilleure. Le chef de l’État et les membres de son gouvernement ont abusé – c’est peu de le dire ! – de l’amalgame immigrésdélinquance- insécurité. D’autres dans le passé et pour les mêmes raisons électoralistes, avaient essayé de détourner l’attention de l’opinion publique, en usant des mêmes ficelles. Mais l’équipe au pouvoir s’est distinguée en ajoutant l’action au verbe. Les étrangers doivent ainsi toujours payer.

Ils doivent d’abord payer au sens propre en passant « à la caisse ». Celle-ci se nomme l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) et perçoit les taxes et les redevances dues par les étrangers au titre de la visite médicale, de la délivrance et du renouvellement des cartes de séjour. Ces prestations ne sont pas gratuites, loin s’en faut. Au début de l’été, un décret [1] a augmenté de façon considérable les taxes en question. Les étrangers titulaires d’une carte de séjour temporaire devront désormais s’acquitter chaque année d’une somme de 110 € (au lieu de 70 €). Pour les familles dont les membres sont généralement soumis à la même précarité administrative, c’est énorme. Lorsque l’on sait que plus de 450 000 personnes sont en possession de ce titre, et qu’elles ont peu de chance de sortir de ce statut précaire, on mesure la manne financière pour l’État [2]. Est-il nécessaire de rappeler que la plupart des étrangers concernés ont des revenus modestes ? Le fait qu’ils puissent être ainsi taxés [3] et donc rapporter de l’argent n’est guère connu. On entend en revanche souvent rappeler qu’ils pèsent sur les deniers publics [4].

Les étrangers doivent également payer au sens figuré. Ainsi, à la suite de faits de délinquance graves et d’affrontements avec les forces de l’ordre, le chef de l’État est monté au créneau pour les désigner comme responsables, et annoncer des mesures particulièrement répressives. Étrangers, « gens du voyage » [5] et « Roms », tous coupables ! Pour les premiers, le président de la République a annoncé une réforme de la nationalité française : retrait de la nationalité à « toute personne d’origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d’un policier, d’un gendarme ou de toute autre personne dépositaire de l’autorité publique » [6] ou encore déchéance de cette même nationalité pour certains criminels. Ces paroles se sont traduites par la rédaction d’un amendement prévoyant effectivement une extension des hypothèses de déchéance de la nationalité française. Toutes ces gesticulations sécuritaires vont déboucher sur des mesures qui ne concerneront au final qu’un nombre infime d’étrangers. Mais elles auront servi à montrer que le seul domaine dans lequel ce gouvernement excelle, c’est la désignation de boucs émissaires à la vindicte publique.

(...)

> La suite de l'article est à l'adresse
http://www.gisti.org/spip.php?article2073


Cet article est extrait du n° 86 de la revue Plein droit  (octobre 2010),
  « Santé des étrangers : l’autre double peine
»
http://www.gisti.org/spip.php?article2072


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sommaire du Plein droit 86

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