jeudi 26 juin 2014

[Gisti-info] « 1996-1997 : l’épopée des Saint-Bernard » - Un article du Plein Droit 101

Article extrait du Plein droit n° 101

1996-1997 : l'épopée des Saint-Bernard

Alain Morice
Anthropologue, université Paris Diderot, CNRS-Urmis


Le surgissement, en 1996, sur la scène médiatique et politique d'un mouvement de sans-papiers, bientôt désigné comme celui des « Saint-Bernard », surprend presque tout le monde, associations comprises. À force de solidarité et de cohésion entre ses membres autour d'un objectif unique – la régularisation, ce mouvement va s'étendre à l'ensemble du territoire avec des conséquences inattendues.


« Le 18 mars 1996, surgissent, comme d'un tunnel, éblouis par les projecteurs des caméras de télévision, trois cents Africains réclamant comme une évidence leur régularisation. L'occupation de l'église Saint-Ambroise, dans le onzième arrondissement de Paris, est une "surprise" », dira Madjiguène Cissé, protagoniste d'un mouvement qui deviendra connu comme celui des « Saint-Bernard » [1].

L'évêché parisien requiert la force publique, qui les met dehors le 22 mars. La soudaineté de cette évacuation des sans-papiers (peut-être un peu plus de trois cents, ouest-africains pour la presque totalité, tous sexes et âges confondus), première de plusieurs autres ensuite, a joué un rôle capital dans la propagation d'un mouvement dont les conséquences se révélèrent vite inattendues.

Contrairement à ce que prétendait l'évêché, prompt à dénoncer une « manipulation des associations », la surprise est grande parmi ces dernières. Hormis peut-être Droits devant !! qui a manifesté son appui sur l'heure, tout le monde dit avoir été désemparé par ce « coup », qui s'était préparé à l'abri des regards dans un foyer de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Cependant, la solidarité se fera sentir très vite. De là, les sans-papiers commencèrent une longue errance dans la capitale, plus ou moins désirables selon les lieux, tour à tour bien accueillis, rejetés ou priés poliment de passer leur chemin, mais partout faisant preuve, pour mobiliser les appuis les plus variés, d'un talent qui force l'admiration [2].

Plein droit a établi une chronologie détaillée du mouvement des sans-papiers, pour une période d'une année [3]. Proposons ce choix, avec quelques commentaires destinés à rendre compte d'un mouvement qui n'était pas à l'abri des contradictions de la société (...)

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Extrait du Plein droit  n°101
« Le business de la migration »
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