jeudi 7 janvier 2016

[Gisti-info] « Les périls de l’urgence » - Édito du Plein Droit n° 107

Édito du n° 107 de Plein droit, la revue du Gisti

Les périls de l'urgence




Il est trop tôt, à l'heure où s'écrit cet éditorial, pour tirer un bilan des mesures décidées au lendemain du très noir 13 novembre 2015. Pas trop tôt cependant pour poser un certain nombre de questions.

Face aux critiques – peu nombreuses – qui ont pu se faire entendre à propos de l'instauration même de l'état d'urgence, la réplique a été immédiate : une telle menace justifie le plus haut niveau possible de sécurité. « La France est en guerre », a-t-il été répété… « La riposte de la République sera d'ampleur. Elle sera totale », proclame le ministre de l'intérieur.

Vouloir neutraliser les assassins et s'employer à ce que d'autres ne se lancent pas dans de nouvelles équipées criminelles du même ordre sont des objectifs incontestables. Mais les moyens de parvenir à ces objectifs ont été décidés très vite, sans concertation, sans débat : état d'urgence, rétablissement des contrôles aux frontières… Décider avec une telle célérité, sur la base d'arguments d'autorité, est en soi toujours périlleux. Même en temps dit « de guerre ».

On s'est ainsi privé de réfléchir à la véritable utilité de l'état d'urgence : quelles investigations policières, quelles poursuites, quels moyens de recherche des coupables des tueries du 13 novembre et de prévention d'autres attentats n'auraient pas pu être engagés sans l'état d'urgence ? En quoi le rétablissement des contrôles aux frontières est-il susceptible d'empêcher les coupables de quitter le territoire, et d'autres criminels d'y pénétrer ?

La privation durable de libertés fondamentales induite par la décision de prolonger l'état d'urgence a vite été justifiée par des adages du type « qui veut la fin veut les moyens » : la mise entre parenthèses d'un certain nombre de droits et libertés serait le prix à payer pour assurer la sécurité, de même que le pouvoir exorbitant donné, sans réel contrôle, à l'administration et aux forces de police. Sans compter la surenchère de propositions complémentaires : déchéance de nationalité pour les criminels, enfermement préventif des personnes suspectes, réforme de la légitime défense pour les policiers, surveillance accrue d'internet.
(...)

>>> La suite de l'article




Extrait du
Plein droit n°107
  « Les expulsés, leur voix, leurs droits »

(Décembre 2015, 10€)



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