mercredi 16 décembre 2009

[Gisti-info] « Chasse à l’homme à Mayotte » - Article extrait du Plein Droit n° 82

Chasse à l'homme à Mayotte

Rémi Carayol
Journaliste indépendant

Où, mieux qu'à Mayotte, le terme de « rafle » s'applique-t-il avec plus de justesse ? Barrages routiers, organisation d'équipes de « chasse », tout concourt à augmenter chez les étrangers en situation irrégulière le sentiment d'insécurité. Car, malgré une « exception législative » qui permet une traque sans merci des sans-papiers, la « pression d'en haut », celle des objectifs chiffrés du ministère oblige gendarmes et policiers à enfreindre la loi.

Des rafles. Le mot ici, ne fait pas aussi peur aux autorités qu'en France métropolitaine. En 2006, le lieutenant-colonel de gendarmerie Patrick Guillemot assumait totalement ce terme [1]. À l'époque, la tactique préférée des forces de l'ordre pour arrêter le plus grand nombre de sans-papiers était l'encerclement de quartiers entiers… en pleine nuit. Entre 2 et 4 heures du matin, une soixantaine de gendarmes et une douzaine de camions bleus encadraient un quartier – voire un village – connu pour abriter des Comoriens. Dès le premier appel à la prière, aux alentours de 5 heures, les hommes en bleu contrôlaient tout ce qui bougeait. Ils frappaient également aux domiciles et, parfois, pénétraient dans les maisons sans autorisation – les cas de portes fracturées étaient alors fréquents.

« Nous avons changé de façon de procéder », expliquait alors M. Guillemot. « Quand nous arrivons sur un lieu en général, les personnes en situation irrégulière sont déjà parties, car elles connaissent nos habitudes. Ce que je fais maintenant, c'est que je place du personnel dans une zone arrêtée, où nous savons que se trouvent des étrangers en situation irrégulière. L'opération débute à 6 heures du matin, avant qu'ils ne partent se cacher dans les cocoteraies. »

Le lieutenant-colonel avait une qualité, celle d'être franc. Ainsi, avouait-il, « [je fais] ce que je peux pour exécuter la mission que l'on m'a confiée [2]. Je cherche effectivement à mettre les étrangers en situation irrégulière dans un climat d'insécurité. Ils doivent savoir qu'on peut les contrôler à tout moment. Ils doivent le craindre. Ce n'est pas aux Mahorais ou aux mzungu [terme local désignant le métropolitain, ndlr] d'avoir peur de se faire piquer leurs salades. C'est aux personnes en situation irrégulière de se sentir en insécurité. Cette insécurité est nécessaire. »

Cette multiplication des rafles de nuit avait abouti, dans certains villages, à la fuite de nombreux sans-papiers – dont certains avec leurs enfants – dans les hauteurs de l'île, à l'écart des villages qui se trouvent généralement sur la côte. Le soir, ils partaient dans la forêt, dormaient où ils pouvaient, puis redescendaient au village en milieu de matinée. Le marronnage version XXIe siècle…

(...)

> La suite de l'article est à l'adresse
http://www.gisti.org/spip.php?article1742


Cet article est extrait du n° 82 de la revue Plein droit  (octobre 2009),
 
« La police et les étrangers (2) »
http://www.gisti.org/spip.php?article1728


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